Le magazine des acteurs du développement durable dans le Grand Ouest / Novembre 2018 / N°05
Chiffres clés
+1.5°C

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Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), paru le 8 octobre, est l’ultime appel à agir afin de limiter le réchauffement planétaire.  

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Détaillant les « conséquences d’un réchauffement planétaire de 1.5°C », le rapport a été approuvé par le GIEC en Corée du Sud et sera au cœur de la Conférence sur les changements climatiques (COP 24) qui se tiendra dans la ville polonaise de Katowice en décembre 2018. Fruit de la collaboration de 91 auteurs, son message est clair : les émissions de gaz à effet de serre ont déjà élevé la température mondiale de 1°C depuis la révolution industrielle, et il est probable que ce réchauffement atteigne 1,5°C entre 2030 et 2052.

 

QUELS EFFETS D'1,5 DEGRES SUPPLEMENTAIRES SUR NOTRE ENVIRONNEMENT ?

Un tel changement climatique aurait un effet multidimensionnel, en provoquant, entre autres, une élévation des température terrestres, une hausse du niveau des océans, une multiplication des événements météorologiques extrêmes, la destruction de certains écosystèmes ainsi que la diminution de la productivité agricole.

Le rapport du GIEC souligne cependant les grandes différences d’impact que provoquerait un réchauffement supérieur à 1,5°C. A titre d’exemple, une hausse de 2°C provoquerait une élévation du niveau des mers de 10 cm de plus. Le Comité 21 rappelle également que sans modification de l’engagement des pays signataires de l’Accord de Paris en 2015, le réchauffement climatique global devrait atteindre 3 °C d’ici à 2100. 

 

QUELLES SONT LES PRIORITES ?

Le monde devra engager des transitions « rapides » et « de grande envergure » s'il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, selon les mots des experts climat de l'ONU. Ces-derniers mettent en garde contre des risques accrus au-delà de ce seuil. « Chaque petit accès de réchauffement supplémentaire compte, d'autant que passer 1,5°C accroît le risque de changements profonds voire irréversibles, comme la perte de certains écosystèmes », explique Hans-Otto Pörtner, co-président de cette session du GIEC. Une grande partie du rapport est donc consacrée aux leviers du changement.  

 

1. La réduction des émissions de CO2

  • La transition énergétique  

Dans le domaine de l’énergie, la manière la plus efficace pour réduire nos émissions de CO2 serait de parvenir à remplacer les énergies fossiles par l’électricité, et de déployer les énergies à faible intensité. Pour rester à 1,5°C, les émissions de CO2 devront chuter drastiquement de 45 % d'ici à 2030, et être nulles en 2050, afin d'atteindre la neutralité carbone. La part des énergies renouvelables dans la production électrique devrait également passer de 20 % aujourd’hui à 70 % en 2050, tandis que la part du charbon (environ 40 % aujourd’hui) devra disparaître totalement. De même, le défi pour l'industrie sera de réduire ses émissions de CO2 de 75 à 90 % par rapport à 2010. 

  • La transition urbaine et la révolution des mobilités  

Les scientifiques du GIEC rappellent que les bâtiments sont responsables de 32% des consommations énergétiques mondiales. Les dispositifs techniques comme les objets connectés et les capteurs intelligents, les « Smart grid » sont une des solutions d’avenir pour réduire les pertes d’énergie. La ville devra également être pensée pour faciliter les transports doux (transports en commun, vélos...) et limiter l’étalement urbain (habitats plus denses et plus efficients). 

  • La transition agricole  

L’agriculture est l’un des secteurs aux plus forts taux d’émissions de CO2, c’est pourquoi le GIEC promeut des mesures dans les domaines de l’agriculture conventionnelle, de l’élevage, de la déforestation ou encore du gaspillage alimentaire. L’enjeu est notamment de mettre en évidence la productivité qu’il est possible d’obtenir dans des systèmes d’agroécologie.   

  • Une réorientation des investissements financiers  

Les experts adressent également une partie de leur message au monde de la finance, qui oriente les investissements de demain. Selon le rapport, la transformation des systèmes, notamment énergétiques, représenterait 2 400 milliards de dollars d'investissements annuels entre 2016 et 2035, soit 2,5 % du PIB mondial actuel. C’est un appel à un véritable changement de paradigme.

 

2. La séquestration du CO2

Au-delà de la réduction de nos émissions, le GIEC indique dans son « rapport spécial sur le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone » la nécessité de mettre en place des mesures pour séquestrer des gaz à effet de serre de l’atmosphère. Les scientifiques de ce groupe de travail détaillent ainsi les différentes techniques de piégeage, de transport et de stockage du CO2 (stockage géologique, océanique et carbonatation de minéraux), et présentent par la suite les conséquences de ces méthodes, ainsi que les coûts totaux et le potentiel économique de la séquestration.

 

LA COOPERATION, PIVOT DU CHANGEMENT

Le dossier de 400 pages, établi sur la base de plus de 6 000 études scientifiques, est un « résumé à l’intention des décideurs » qui appelle à engager un virage économique, politique et sociétal sans précédent : l’enjeu est bien celui de la volonté politique collective. Pour la climatologue Valérie Masson-Delmotte, « si nous n'agissons pas maintenant, nous allons vers un monde en permanence en gestion de crises. (…) La vraie question de la faisabilité c'est celle-là : les gens sont-ils prêts à agir, et y aura-t-il assez de volonté politique collective ? » 

Or, le but du rapport est bien d’offrir aux décideurs politiques l’information pour prendre les décisions rapides et nécessaires, considérant également les besoins des populations. Pour penser les solutions, non pas de demain mais d’aujourd’hui, la coopération entre les représentants politiques, les chefs d’entreprise, les financiers, les nouveaux entrepreneurs sociaux, les citoyens et tous les autres acteurs qui “font” la société semble être le pivot du changement. Il s’agit maintenant de décider, faire et avancer ensemble. En ce sens, l’Université des transitions du Comité 21 qui aura lieu les 21 et 22 mars prochains s’emparera du vaste sujet de la coopération avec son réseau et en compagnie d’invités de tous les horizons. 

 

SOURCES

> Consulter le communiqué du GIEC

> Aller plus loin : Novethic, Reporterre, Ministère de la Transition Ecologie et Solidaire

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